L'assassinat des cent-dix-sept habitants de Rossignol dans la gare d'Arlon, le 26 août 1914. Les dix premiers gisent près des buttoirs. Mme Hurieaux, la cent-dix-septième victime, est tombée aux pieds des bourreaux.
La commune de Rossignol fut, le 22 août 1914, témoin d’une formidable bataille qui fera certainement époque dans les annales militaires allemandes et françaises. C’est le terrible contre-coup de cette lutte, en tant qu’il fut ressenti par la population du petit village, qui sera raconté ici.
Déjà le 19 août, des soldats prussiens étaient venus rançonner la paisible localité. Un habitant, qui avait été dépouillé de tout ce qu’il possédait, fut abattu d’un coup de fusil dans le vestibule de sa maison, pour n’avoir pas pu donner des œufs à deux brutes de l’armée du Kronprinz.
Le 21 août, plusieurs milliers de Français arrivèrent à Rossignol. Malgré les avertissements des habitants, ils continuèrent, le lendemain matin, leur marche sur Rulles, où ils tombèrent dans l’embuscade allemande. C’est en vain que les Français se battirent comme des lions. Leurs adversaires, cachés dans la forêt et dans les carrières, firent parmi eux de terribles hécatombes. Pendant dix heures, Rossignol fut le centre de la bataille, au cours de laquelle sept maisons furent détruites par les obus. Vers le soir, les Allemands entrèrent dans le village.
Le château et l’école, transformés en ambulances, regorgeaient de blessés, soignés par les habitants portant tous le brassard de la Croix-Rouge.
Peu après leur arrivée, les Allemands mirent le feu à deux maisons, sous prétexte d’éclairer le camp de leurs prisonniers français et le passage de leurs propres convois.
Le 25, les prisonniers, au nombre de plus de cent, furent emmenés à Marbehan, où on les entassa dans un train de bestiaux qui fut dirigé sur une voie de garage près de l’entrepôt d’Arlon.
Le mercredi 26, le colonel von Heidemann, du bataillon de Gotha, est mis au courant de l’arrivée des prisonniers de Rossignol. « Envoyez-les travailler à Trèves », dit-il, puis se ravisant : « Ce sont des canailles, qu’on les fusille ! » Le capitaine von Putkammer lui fait observer qu’il y a parmi eux des vieillards, des infirmes, une femme. « Qu’on les fusille ! »
On les fusillera. Dix par dix, ils s’avancent et tombent, au nombre de cent-dix-sept, près du pont de Schoppach.
Par un raffinement de cruauté, Mme Huriaux est fusillée la dernière. Elle avait été précédée au poteau fatal d’un vieillard de quatre-vingt ans, de huit septuagénaires, d’un jeune homme paralysé qui fut enterré avec sa béquille. Ce jour-là il y eut à Rossignol soixante-quatre veuves, parmi lesquelles six jeunes femmes mariées en 1914, et cent-quarante-deux orphelins.
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RépondreSupprimerL'assassinat des cent-dix-sept habitants de Rossignol dans la gare d'Arlon, le 26 août 1914. Les dix premiers gisent près des buttoirs. Mme Hurieaux, la cent-dix-septième victime, est tombée aux pieds des bourreaux.
RépondreSupprimerLa bataille et le massacre de Rossignol
RépondreSupprimerLa commune de Rossignol fut, le 22 août 1914, témoin d’une formidable bataille qui fera certainement époque dans les annales militaires allemandes et françaises. C’est le terrible contre-coup de cette lutte, en tant qu’il fut ressenti par la population du petit village, qui sera raconté ici.
Déjà le 19 août, des soldats prussiens étaient venus rançonner la paisible localité. Un habitant, qui avait été dépouillé de tout ce qu’il possédait, fut abattu d’un coup de fusil dans le vestibule de sa maison, pour n’avoir pas pu donner des œufs à deux brutes de l’armée du Kronprinz.
Le 21 août, plusieurs milliers de Français arrivèrent à Rossignol. Malgré les avertissements des habitants, ils continuèrent, le lendemain matin, leur marche sur Rulles, où ils tombèrent dans l’embuscade allemande. C’est en vain que les Français se battirent comme des lions. Leurs adversaires, cachés dans la forêt et dans les carrières, firent parmi eux de terribles hécatombes. Pendant dix heures, Rossignol fut le centre de la bataille, au cours de laquelle sept maisons furent détruites par les obus. Vers le soir, les Allemands entrèrent dans le village.
Le château et l’école, transformés en ambulances, regorgeaient de blessés, soignés par les habitants portant tous le brassard de la Croix-Rouge.
Peu après leur arrivée, les Allemands mirent le feu à deux maisons, sous prétexte d’éclairer le camp de leurs prisonniers français et le passage de leurs propres convois.
Le 25, les prisonniers, au nombre de plus de cent, furent emmenés à Marbehan, où on les entassa dans un train de bestiaux qui fut dirigé sur une voie de garage près de l’entrepôt d’Arlon.
RépondreSupprimerLe mercredi 26, le colonel von Heidemann, du bataillon de Gotha, est mis au courant de l’arrivée des prisonniers de Rossignol. « Envoyez-les travailler à Trèves », dit-il, puis se ravisant : « Ce sont des canailles, qu’on les fusille ! » Le capitaine von Putkammer lui fait observer qu’il y a parmi eux des vieillards, des infirmes, une femme. « Qu’on les fusille ! »
On les fusillera. Dix par dix, ils s’avancent et tombent, au nombre de cent-dix-sept, près du pont de Schoppach.
Par un raffinement de cruauté, Mme Huriaux est fusillée la dernière. Elle avait été précédée au poteau fatal d’un vieillard de quatre-vingt ans, de huit septuagénaires, d’un jeune homme paralysé qui fut enterré avec sa béquille. Ce jour-là il y eut à Rossignol soixante-quatre veuves, parmi lesquelles six jeunes femmes mariées en 1914, et cent-quarante-deux orphelins.