mercredi 26 août 2020

2020 - Grigori Raspoutine, couleur*

Après le dessin, la couleur*

5 commentaires:

  1. Bonjour à toutes et tous,
    je vous présente…
    2020 - Grigori Raspoutine en couleur*

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  2. Le 1er janvier 1917, un "paysan illettré de Sibérie" fait la une de l’Humanité. Dans la nuit du 29 au 30 décembre, "le trop fameux Raspoutine" a été assassiné : "C’est la fin sanglante d’une aventure qui a commencé dans la boue et mené le triste héros jusqu’aux hauteurs de la société et de la cour de Pétrograd". Le quotidien Le Temps consacre lui aussi une large page à la mort de ce "simple homme du peuple, doué d’une singulière influence quasi magnétique à demi illuminé et en même temps doué d’une remarquable dose d’astuce et de rouerie".
    Pendant plusieurs mois, la presse française spécule sur les circonstances de son violent décès. Comment a été tué le conseiller et confident du tsar Nicolas II et de sa femme Alexandra Feodorovna ? Et par qui ? Dans un article au titre choc "La vérité sur le meurtre de Raspoutine", publié en août 1917, Le Figaro livre à ses lecteurs le récit de cette funeste soirée, qui se déroule à Saint-Pétersbourg chez le prince Félix Ioussoupov, époux de la nièce du tsar. Selon le journal, cet aristocrate, avec l’aide du grand-duc Dimitri Pavlovitch, cousin de Nicolas II, et d’un député d’extrême droite Pourichkevitch, a tout comploté. Ensemble, ils tentent d’abord d’empoisonner "l’homme surnaturel", mais sans succès : "Raspoutine continue à manger sans que le cyanure paraisse l’incommoder le moins du monde !".
    Pris de court, le prince lui tire alors dessus à deux reprises. Mais encore une fois, Raspoutine se révèle particulièrement coriace : "Couvert de sang, d’une pâleur cadavérique, le moine a gravi les trois marches, enfonce péniblement les pieds dans ses galoches, s’agrippe à la porte d’entrée, réussit à l’ouvrir et sort dans le jardin". Ce n’est qu’après trois nouveaux tirs que le paysan de Sibérie s’effondre. Ses assassins le jettent ensuite dans le fleuve qui traverse Saint-Pétersbourg : "Le corps projeté va s’écraser contre un pilier puis, rebondissant, tombe sur un glaçon de la Neva, hésite, se débat encore, bascule, enfin sombre dans les flots. Justice est faite"

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  3. "Il y a beaucoup de mensonges"
    Depuis un siècle, la disparition de Grigori Raspoutine alimente tous les fantasmes. Empoisonnement, bagarre, coups de feu, tous les éléments sont rassemblés pour un scénario parfait. Mais que s’est-il réellement passé le soir du 29 décembre 1916 ? Dans son livre, "la fin de Raspoutine" publié en 1927, le prince Ioussoupov s’attribue le rôle du meurtrier. Mais pour l’écrivain Vladimir Fédorovski, qui a mené sa propre enquête, cette version est romancée. "Dans cette affaire, il y a beaucoup de mensonges. Si vous analysez ce que raconte Ioussoupov, vous serez étonné de voir qu’il a piqué énormément de choses à Dostoïevski", estime l'auteur du "Roman de Raspoutine". Pour cet ancien diplomate russe, ce n’est pas le prince qui a porté les coups fatals : "Raspoutine est mort après avoir reçu trois balles dont une qui a été tiré par un tireur d’élite selon des experts en balistiques, vraisemblablement par le grand-duc Dimitri qui d’ailleurs en privé confirmait que c’était bien lui qui l’avait tué".

    Pour Vladimir Fédorovski, ce qui est sûr c’est que ce complot a "été ourdi par la propre mère du Tsar, avec l’aide du grand-duc, afin d’éliminer un facteur d’instabilité". À l’époque, Raspoutine a en effet une influence importante sur la famille impériale. Originaire des confins de la Sibérie, celui qui se présentait comme un mystique errant, a acquis une réputation de guérisseur. La tsarine, préoccupé par la santé de son fils le tsarévitch Alexis, qui souffre d’hémophilie, le fait venir dès 1907 à son chevet. Et les résultats sont là. L’unique fils du couple se porte mieux à son contact. Raspoutine devient peu à peu un familier du palais impérial.

    ces accusations ont été montées en épingle : "C’est une grande manipulation historique, notamment des bolchéviques, pour discréditer le tsar et la tsarine et cela a parfaitement réussi. Dans les faits, celle-ci a effectivement consulté Raspoutine, mais il n’avait pas de stratégie politique. Ce n’est pas lui qui dirigeait la Russie". L’écrivain le voit pourtant comme un grand visionnaire. Au début de la Grande Guerre, le paysan sibérien avait tenté d’alerter le tsar sur les risques d’une escalade militaire. Il avait aussi prédit la fin des Romanov. "Je mourrai dans des souffrances atroces. Après ma mort, mon corps n'aura point de repos. Puis tu perdras ta couronne. Toi et ton fils vous serez massacrés ainsi que toute la famille. Après, le déluge terrible passera sur la Russie", aurait-il annoncé à Nicolas II.

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  4. Dans les mois qui suivent sa disparition, ces paroles prémonitoires se réalisent. La révolution éclate et le règne du tsar prend fin en 1917. La famille impériale est ensuite elle-même assassinée par les bolchéviques en juillet 1918. "Mais attribuer à la mort de Raspoutine la responsabilité de la révolution russe est une fausse idée", souligne cependant Vladimir Fédorovski. "Elle s’explique surtout par le fait que le tsar n’a pas été à la hauteur et n’a pas su réagir, mais également par le génie de Lénine et Trotski".
    Cent après sa mort, l’ombre de Raspoutine continue cependant de planer sur l’histoire. "Tout le monde connaît son nom ! Il y a bien plus de films sur lui que sur Lénine ou Trotski", constate l’écrivain russe. Pour lui, le paysan sibérien continuera pendant longtemps de faire parler de lui et pour une raison très simple : "Autour de lui, il y a un univers extraordinaire où se mêlent les tsars, les palais, Saint-Pétersbourg, Tchekhov, Stravinsky ou encore les ballets russes. Il représente la quintessence de de cette époque".

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